Le Mercedes Classe G est presque né sur un malentendu. Suite à une demande conjointe du Shah d’Iran, amateur de chasse dans le désert, et à un appel d’offres lancé par l’armée allemande, pour remplacer les antiques DKW Munga et VW Iltis, le constructeur étoilé décroche ce formidable marché. Il propose un engin rustique et efficace inédit, capable de transporter rapidement des troupes (ou personnes VIP !), dans un confort appréciable sur les terrains les plus difficiles. C’est le Classe G, né en 1979, et décliné dans la foulée dans une multitude de variantes et de carrosseries, afin de répondre aux nombreux besoins du très exigeant « homme des casernes ». Mais Mercedes sent qu’il y a aussi un débouché pour le civil, comme l’atteste le succès depuis quelques décennies déjà de l’archaïque Land Rover Defender (et du luxueux Range). C’est ainsi que, bien malgré lui, notre baroudeur militaire fait son entrée dans le monde civil, aux côtés des classiques Mercedes de route.
Une bonne idée, puisque 34 ans plus tard, l’inoxydable Classe G est toujours présent au catalogue, en cabriolet châssis court et en « break » châssis long ! Et sans doute pour de nombreuses années encore, car Mercedes vient juste de lui offrir un restylage. Bien sûr, pas question d’abîmer ce physique de déménageur : ceux qui veulent de la modernité n’ont qu’à se tourner vers les GLK et ML. Beau comme un camion avec ses panneaux de tôle allant jusqu’à 2,5 mm d’épaisseur, le Classe G se contente juste d’adopter une barrette de leds sous les phares (au xénon tout de même !), et des répétiteurs latéraux de clignotants dans les rétroviseurs. Voilà qui devrait être suffisant pour le faire durer encore une bonne quinzaine d’années ! Car ce qui plaît dans le Classe G, c’est justement… qu’il ne change pas. Les seules concessions à la modernité se limitent à la dotation qui s’est, depuis, enrichie des inévitables équipements de sécurité, tels que l’ABS ou les airbags. La finition aussi a fait un bond en avant, mais surtout les motorisations, plus « propres » et au goût du jour. Plus puissantes aussi, comme le prouve cette version de pointe signée par le préparateur sportif de Mercedes : la 63 AMG !
Opération commando
Modifier un brave percheron taillé pour l’aventure en pur-sang assoiffé de chronos prend des airs d’opération commando. Si la caisse du châssis long est préservée (4,67m de long), tout ou presque a été dans la bataille modifié sur ce panzer. Il reçoit ainsi une calandre à double barrette, un bouclier avant avec de grosses prises d’air intégrées, et des élargisseurs d’ailes, bien utiles pour abriter d’énormes roues de 20 pouces, garnies d’étriers de freins rouge vif. Dans l’opération, notre 4x4 n’hésite pas à dégainer, de chaque côté sous les marchepieds, une paire de double échappement chromée siglée « AMG » pour le moins ostentatoire. Ceux qui seraient aveugles ne risquent pas de les louper lorsque l’on lance le moteur : ça pétarade fort ! On ne l’a pas démarré pour rien ce V8, et les mélomanes risquent fort d’en abuser. Cette sonorité bestiale, à mi-chemin entre le glougloutement d’un chalutier et celui d’un Messerschmitt, tranche avec le raffinement offert par l’habitacle.
Les sièges chauffants et ventilés « AMG », en cuir perforé, sont de toute beauté, et chaque centimètre carré bénéficie d’un habillage de matériaux précieux. Le cuir surpiqué gagne ainsi toute la planche de bord, massive comme une armoire normande, tandis que le ciel de toit et les montants de pare-brise se drapent d’alcantara noir. La grande classe ! Evidemment, pour justifier un tarif prohibitif, supérieur à 135 000 € (et même 266 500 € en G65 AMG avec un V12 biturbo de 612 ch !), ce G 63 fait le plein d’équipements (GPS couleur, hi-fi haut de gamme, caméra de recul…). A l’occasion de ce restylage, outre une présentation « modernisée », on note l’apparition du système Comand Online (avec écran couleur de 17,8 cm), du détecteur d’angle mort actif, de l’alerte au franchissement de ligne continue ou du Distronic Plus. Bel effort de mise à la page, même si les dernières trouvailles high-tech, comme la vision nocturne par infrarouges ou l’affichage tête haute, restent indisponibles.
Oubliez toute prétention familiale de la part du G. Le rapport encombrement/habitabilité de cette camionnette est franchement décevant. Signe des années qui passent, l’habitacle est relativement étroit (1,76 m de large pour la caisse), et l’espace dévolu aux jambes à l’arrière est ridicule. Mais notre « transporteur de troupes » se rattrape en offrant un coffre digne d’une soute d’avion-cargo : 2 250 litres en position « break » ! Qu’importe : la vocation de cet engin, autant hors-norme que politiquement incorrect, est ailleurs…
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