Extérieurement, on ne voit aucune différence. C’est la même voiture que l’an dernier, et l’année d’avant, et l’année d’avant, et … enfin c’est quasiment la même depuis 1957 lorsqu’elle portait l’emblème Lotus. Je ne vais pas vous refaire l’histoire mais pour faire court, sachez que Caterham a repris la fabrication des Lotus Seven en 1973 et continue aujourd’hui avec le même modèle à peine modernisé. À ce propos, Graham Nearn, le fondateur de Caterham qui avait passé la main en 2005, s’est éteint l’an dernier à 76 ans au moment où l’homologation européenne des R300 Superlight et Roadsport 175 faisait renaître l’espoir de bilans moins difficiles dans l’usine de Caterham.
Par rapport à la Sigma 1.6l kitée 150 ch, cette R300 est une délurée qui se dévoile dans toute sa crudité dès la sortie des stands. Avant cela, elle reste la même à une exception : l’habillage façon CSR a disparu et on retrouve de nouveau la place pour sortir le coude gauche hors de la voiture (pas inutile pour rattraper une ruade), mais aussi pour entrer de façon classique par le côté. Enfin, quand je dis de « façon classique », il faut tout de même réfléchir avant d’envoyer une partie de son corps dans l’habitacle. L’absence de réflexion préalable vous fait courir le risque du ridicule lorsque vous resterez le postérieur coincé à l’intérieur le reste à l’extérieur. Finalement, par le dessus, c’est plus simple.
Une fois le 2.0l Duratec lancé, le ralenti plus stable que sur la 1.6l reste discret. C’est pour tromper son monde. Dès le premier virage, si par mégarde, vous remettez une pichenette de gaz trop tôt, à froid, c’est la sanction assurée. 175 ch, ce n’est pas 150 ch. Mais là, c’est plus que simplement arithmétique. Ce 2.0l à carter sec de 175 ch et 188 Nm de couple bien secondé par la boîte courte 6 rapports est comme un Robinson Crusoë revenant à la civilisation dans un bar à gogo danseuse : un peu énervé ! La grosse cavalerie est canalisée par le différentiel à glissement limité qui ne peut rien lorsque le temps est à la pluie et que le pilote d’un jour a le pied aussi souple qu’un parpaing de 20. Mais sur le sec, une Caterham R300 Superlight c’est extatique, fantastique, atomique, féérique, épique, pédagogique, en résumé c’est la trique.
Le sourire est revenu sur le visage de Christian Bonnal, c’est un signe. Sur le tracé du Pole mécanique d'Alès, le tempérament du 4 cylindres Ford qui s’exprime très haut dans les tours est grisant. Les 515 kg de l’ensemble ne sont pas une contrainte énorme et le châssis est toujours aussi communicatif. Pour être clair, il est à l’exacte image du gars qui tient le volant, c’est ce qui a toujours fait le charme des Caterham. Si vous faîtes tout dans l’ordre sans brusquerie extrême, le chrono vous félicitera, dans le cas contraire, vous êtes bon pour tracer des sillons en hors piste et quelques pirouettes. Par rapport à une 150 ch, il faut être un peu plus concentré sur son pied droit et prêt à envoyer des tours de cerceau dans le sens inverse du virage pour juguler quelques survirages qui, une fois maîtrisés, peuvent devenir extraordinairement jouissifs. L'équilibre du châssis doté des 'voies larges' est toujours le même (compréhensible), le freinage assuré par des disques ventilés de 254 mm et des étriers écrasant des plaquettes Racing sait être progressif, un limiteur vous évite les gros blocages, il n'y a que la pédale d'accélérateur qui manque un peu de progressivité pour le pilote guère habitué à doser sur son mazout quotidien.
Avec ce moteur de 175 ch, l’ensemble est finalement sacrément homogène, très efficace et capable d’aller chercher beaucoup, mais alors beaucoup plus gros que lui. Pour l’anecdote, la R300 Superlight accélère de 0 à 100 km/h en 4.5s même si ça n'est vraiment pas ça le plus intéressant. Les concurrents de la Coupe de France trouveront dans cette R300 Superlight de quoi faire oublier les sympathiques 1600 Rover K Series, ce que n'était pas parvenu à faire la Sigma 1.6l.
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