Un apprentissage difficile
Bénéficiant de l'appui des services techniques d'avant-garde des Engins Matra, la naissance de la première monoplace ne prend que trois mois. Baptisée MS 1, cette formule 3 se distingue par un châssis monocoque très sophistiqué dont les flancs dédoublés, enduits de résine pour assurer l'étanchéité, accueillent des réservoirs latéraux intégrés. En évitant l'emploi des outres souples de carburant, il est ainsi possible de loger à l'intérieur de la coque des couples de renfort qui lui confère une rigidité exceptionnelle. Lorsqu'il faut choisir un moteur, Lagardère joue à nouveau la carte de l'efficacité. Les mécaniques britanniques Ford tiennent alors le haut du pavé et il n'hésite pas longtemps et charge Le Guezec de commander quatre moteurs (2 Cosworth et 2 Holbay) pour un engagement régulier de trois monoplaces. Eric Offenstadt, le vice-champion de France de F3, est engagé le premier, puis l'équipe est complétée par Jean-Pierre Jaussaud, le lauréat de l'école Winfield en 1963 et par Henri Pescarolo, vainqueur de la Coupe des Provinces avec sa Lotus Seven. Enfin, sur l'insistance de Gérard Laureau, l'ancien pilote officiel Bonnet, Lagardère décide de donner sa chance à Jean-Pierre Beltoise, encore très handicapé par les séquelles de son accident aux 12 Heures de Reims avec un prototype Djet. Après quelques séances d'essais à Montlhéry, les grands débuts en course sont programmés le 29 mai 1965, à l'occasion du GP de Monaco.
A peine terminées, les deux MS 1 alignées pour Offenstaft et Jaussaud collectionnent les défauts de jeunesse: un refroidissement insuffisant et de nombreuses vibrations engendrées par la rigidité des coques qui entraînent une casse des supports moteur. Les sorties suivantes à La Châtre, puis à Charade se révèlent tout aussi laborieuses. Sylvain Floirat qui ne peut se satisfaire longtemps de ces échecs accentue la pression et fait savoir que la prestation de l'équipe à Reims pourrait bien décider de son avenir... La tension monte, la position de Beltoise est contestée après sa sortie de route de Charade (avec un seul bras valide, il est dangereux, disent ses détracteurs !), Offenstadt en désaccord avec les choix techniques s'intègre difficilement et après un accrochage plus violent que de coutume avec Le Guezec, il quitte Matra.
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