Au vu du vif succès d'Audi avec le lancement de la R8, Mercedes ne pouvait décemment pas demeurer sans réaction dans le monde très disputé des constructeurs allemands. Après la collaboration avec McLaren et l'avènement de la supercar SLR – souvent décriée par rapport à ses concurrentes de l'époque – la marque à l'étoile décidait de basculer en interne le développement de sa nouvelle voiture de sport et de confier sa gestation au département AMG seul. Bien lui en a pris.


Présentée dans le cadre du salon de Francfort 2009, la SLS AMG possède, comme sa devancière spirituelle, un long capot et un moteur installé en position centrale avant mais sa définition technique est beaucoup plus rigoureuse. Exit les tiraillements entre Mercedes et McLaren de feu la SLR, AMG s'occupe de tout pour la SLS. Grâce à sa structure en aluminium et un gros effort de maitrise du poids, elle est sensiblement moins lourde que la SLR et se contente de 1620 kilos sur la balance, le même chiffre que celui d'une Audi R8 V10 et une donnée pas ridicule face à une Lamborghini Gallardo LP560-4 ( 1550 kilos pour l'Italienne ). Le V8 6,2 litres AMG est placé derrière l'axe des roues avant et la boite de vitesses est rejetée à l'arrière de l'auto façon transaxle, autorisant une répartition des masses à 53% derrière et 47 % devant. La transmission automatique à sept rapports passe à la technologie double embrayage.


L'effet papillon


Mercedes AMG Tour : les grands huits sur le Paul Ricard

Plus encore que sa fiche technique, la SLS soigne son look. Sa dégaine de dragster se concile à merveille avec de nombreuses références rétro à l'inoubliable 300 SL de par sa silhouette globale, sa calandre et surtout ses portes papillon. Des portes qui constituent à elles seules une signature identitaire à cette SLS AMG et qui produisent un effet incroyable sur son entourage lorsque l'auto est immobile avec ses portes ouvertes. Oui, c'est super beau à voir mais c'est paradoxalement très peu pratique pour s'installer à bord et surtout, pour sortir de l'auto : Si vous mesurez plus d'un mètre 75, vous n'échapperez probablement pas à la grosse bosse sur la tête en vous extirpant de la SLS.


A l'intérieur, l'ambiance est également marquée par quelques petites références rétro dans un ensemble très horizontal dressé sur la partie centrale verticale. C'est moins futuriste que dans une Audi R8, peut-être plus simple aussi que celui d'une Lamborghini Gallardo mais c'est très soigné et très joli au regard. Avec une préférence personnelle pour l'association rouge / noire.


Nous n'avons hélas pu disposer de la SLS que pour deux tous petits tours du Paul Ricard HTTT dans sa variante Grand Prix 3,8 kilomètres. Pour jauger précisément les capacités d'une telle auto c'est bien trop peu, surtout sans avoir eu le loisir de rouler avec sur route ouverte. Une chose est sûre cependant : le mix proposé par cette SLS est sensiblement différent par rapport aux autres produits AMG de la gamme. On reste loin de la supercar pure et dure et le confort est très suffisant pour arborer un badge Mercedes, mais sans la débauche de luxe et d'équipements d'une SL 63 AMG. Un choix appréciable au moment de lancer l'auto à l'assaut des courbes du High Tech Test Track : dans la pit-lane, nous mettons le mode S+ et la boite de vitesses en version manuelle. Au sortir de la voie des stands à fond sur la pédale d'accélérateur, il est temps de constater que la sonorité du V8 est encore plus présente que sur les autres montures AMG et que ça pousse fort, très fort. C'est forcément bien plus violent qu'avec une SL 63, et les reprises paraissent meilleures qu'avec une Audi R8 V10, clairement. Le premier virage arrive déjà ( un serré vers la droite après la grande ligne droite des stands ) et mon pied écrase la pédale de frein. La réponse est bonne malgré une après midi entière passée à rythme élevé. La SLS fait alors montre d'un comportement intéressant : il suffit de charger un peu l'avant avant chaque courbe pour se retrouver avec une auto ultra-précise à l'inscription et très encline à pivoter du train avant. Avec ce très long capot visible derrière le volant ( un élément quand même assez insolite pour une voiture de sport européenne ), l'enchainement de courbes à haute vitesses et de virages serrés se transforme en un gymkhana particulièrement plaisant, surtout avec ce fond sonore façon muscle car débridée.

Mercedes AMG Tour : les grands huits sur le Paul Ricard

Les gros efforts sur la répartition et la maitrise du poids n'ont pas été vains et le travail issu des ateliers AMG est à saluer : cette SLS se comporte comme une voiture de sport et non plus comme un luxueux coupé allemand, dans une variante plus Grand Tourisme que ses berlinettes de concurrentes. Sans doute plus confortable et polyvalente à l'utilisation aussi, à vérifier lors d'un essai complet sur route.


Que reprocher à cette SLS après ces deux maigres tours de circuit? Pas grand chose. Il y a peut-être cette transmission à double embrayage qui semble moins réactive en mode manuel que celle d'une Nissan GT-R, surtout au rétrogradage. Les pilotes pourront aussi critiquer des réglages de suspensions un peu trop souples pour en faire l'arme absolue sur circuit, mais ça fait partie de la philosophie même de la SLS. Pensée et conçue par AMG comme une voiture de sport, mais avec une dose de confort suffisante pour la placer dans une gamme Mercedes. Tout en haut de cette gamme même, à 189 000 euros soit à peine plus que pour une Lamborghini Gallardo et sensiblement le même chiffre que pour une Ferrari 458 Italia.