Avec plus de 22 000 unités vendues dans une trentaine de pays depuis son lancement en 2004 dont l’Australie ou l’Afrique du Sud, la Mégane Renault Sport a connu un assez joli succès commercial. Après la version du début et la Trophy en 2005 largement perfectibles, les évolutions successives à partir de la Mégane Renault Sport F1 Team suivie par la F1 Team R26 (qui inaugura le différentiel à glissement limité) ont réellement bonifié la RS, jusqu’à l’apothéose avec la radicale R26 R.
Malgré la multiplication des contrôles de vitesse et la répression accrue, le marché des compactes sportives en Europe a paradoxalement été multiplié par trois entre 2001 et 2008, passant de 10 700 à 32 800 unités vendues, dont plus de la moitié en Allemagne et au Royaume-Uni. Si le premier semestre 2009 a enregistré une sévère baisse (-40%), le marché des sportives compactes devrait progresser au second semestre grâce au renouvellement de nombreux modèles dans ce créneau, dont la récente Mazda 3 MPS de deuxième génération ou la Seat Leon Cupra R et la Volkswagen Golf R présentées à Francfort en septembre dernier.
La Mégane R.S. (il ne faut plus écrire RS, mais bien R.S., confer les sigles apposés sur l’auto) a de sérieuses chances de grappiller quelques parts de marchés sur ses concurrentes compte tenu du potentiel que nous avons entrevu au cours de cette première prise en main et en raison de ses tarifs presque raisonnables. Elle est proposée avec châssis Sport de série en 2 niveaux d’équipements, R.S. à 28 900 € et R.S. Luxe 32 500 €. En option à 1 600 € disponible sur les deux, le client peut choisir le châssis Cup avec différentiel à glissement limité pour un usage plus musclé, notamment sur circuit. Les R.S. équipées de châssis Cup avec DGL sont reconnaissables grâce aux étriers de frein rouges et aux disques rainurés.
Contrairement aux F1 Team R2 et R26.R produites à Dieppe dans l’antre de Renault Sport Technologies, la nouvelle Mégane R.S. est assemblée dans le nord ouest de l’Espagne à l’usine de Palencia (Castille-et-León), sur les mêmes lignes que les versions sages de la Mégane berline, coupé et break. Toutefois RST a conservé la main sur la définition, le développement (plus de 300 000 km de roulage parcourus pour tester moteur et liaisons au sol) et sur la commercialisation du véhicule.
La Mégane R.S. sera finalement commercialisée en France à partir de janvier 2010, alors que nous l’attendions pour début novembre 2009. Nous avions dû mal interpréter les propos des responsables de la marque puisque en fait, c’est à partir de cette période que la prise de commande sera possible.
C’est une version R.S. dotée de plusieurs équipements optionnels (dont la monte Continental Sport Contact 5 Performance en 235/35 R19 Y bien que nous ayons préféré disposer des Michelin en 18 pouces –on y reviendra page suivante) et équipée du châssis Cup que nous avons principalement essayé dans le sud de l’Espagne, héritière directe de la Mégane Renault Sport F1 Team R26 présentée fin 2006.
Premières impressions de conduite :
Déjà, avec son moteur 2.0 16v turbocompressé remanié par rapport à la Mégane F1 Team R26 qui permet de gagner 20 ch ( 250 ch/184 kW) et 30 Nm en couple (340 Nm) tout en se conformant aux normes Euro5 et en affichant une consommation normée en légère baisse (8,4 l100), on se dit que les motoristes de RST n’ont pas mal travaillé. Avec sa nouvelle boîte bien étagée et pas trop lente, son assistance de direction nettement plus agréable, ses freins plus gros, sa masse stable, son châssis Cup encore peaufinée, y compris le différentiel à glissement limité qui apporte une motricité incroyable, la Mégane R.S. que nous avons essayé se montre d’une efficacité sidérante.
Agile dans les épingles où elle lève moins la roue arrière intérieure que la Focus RS (placement à la demande sur les freins ESP « off »), précise dans les enchaînements, rivée au sol dans les grandes courbes, difficile de déceler la moindre faille. Elle excelle sur circuit où sur la plupart des tracés elle doit gagner une seconde au kilomètre par rapport à la Mégane F1 Team R26 à monte pneumatique identique. Idem sur route où sa facilité de conduite en toute sécurité est surprenante l’ ESP en mode intermédiaire «Sport», aussi bien sur un revêtement gras que défoncé. Elle se montre également très à l'aise sur autoroute où sa tenue de cap reste imperturbable à plus de 240 km/h. Le tout dans un confort de suspensions et phonique bien moins rude qu’à bord de la R26R et très peu dégradé en comparaison de la F1 Team R26.
La nouvelle Mégane R.S. équipée du châssis Cup deviendrait-elle la référence de la catégorie ? Oui et non. Un brin moins performante que la plus lourde Ford Focus RS, elle en partage quasiment l’efficacité à une ou deux nuances près, un ton au dessus de la Mazda 3 MPS. Cela reste à vérifier lors d’un comparatif. Mais avant de lui tresser une couronne de lauriers, on attendra la bande des 3 R. D’abord la Golf R dont on espère que la transmission intégrale offrira un comportement plus sportif que l’Audi S3, de la Scirocco R qui s’annonce compétitive dans plus d’un domaine, tout comme la Cupra R qui partage le même moteur à injection directe, apparemment à la sobriété exemplaire.
Sur ce point, la Mégane R.S. est battue de peu en consommation normée, mais dans la pratique, elle risque de faire pale figure. Elle s’avère à peine moins soiffarde que la Focus RS, avec une moyenne proche de 14,5 l/100 (mini de 9 l et maxi au delà de 22 litres). C’est beaucoup.
Le second point où la compacte française peut décevoir, c’est à propos des sensations qu’elle distille, bien moins prégnantes que celles offertes par la Focus : pas d’arrivée de couple brutale au dessus de 2000 tours, coupure moteur plus précoce qui prive de l'ivresse -certes futile- des hauts régimes, sonorité moteur et échappement plus policé, …. Pour le reste, la Mégane gagne des points par sa qualité de fabrication (à la hauteur de la Mazda 3 et au dessus de la Focus RS), son diamètre de braquage correct, le choix étendu entre les versions et des options alléchantes, …
Nous vous proposons page suivante de rentrer plus dans les détails à propos du moteur, de la consommation, de la boîte, et du châssis. Dans l'essai de la version à châssis Sport (en ligne à partir du 10 novembre), Patrick Garcia abordera l'ambiance intérieure, les aspects pratiques et quelques équipements optionnels intéressants comme le "Renault Sport Monitor". On laissera définitivement de côté l’esthétique extérieure, que chacun appréciera à sa guise...
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