Avec la victoire de la Torino Liebre, un vrai prototype moderne, dans le Grand Routier 1967, un long règne s'achève. Celui des vieux coupés américains dévalant à plus de 200 km/h les cols des Andes et les chemins de mulet de la pampa. L'ère des courses en circuit débute et elle verra la naissance de bien curieuses machines...
En décembre 1967, Edoardo Copello enlève la dernière étape du GP Routier à près de 188 km/h de moyenne ! Sur des pistes le plus souvent en terre, sa Torino s'est même offert des pointes à 265 km/h et c'est avec un soulagement non dissimulé que les autorités voient l'épreuve s'achever après une cascade d'accidents et de drames. La réaction est brutale. Les gouverneurs de provinces décident progressivement d'interdire les courses sur routes et les compétiteurs n'ont plus d'autre choix que de se tourner vers les circuits. Une décision politique qui va relancer la querelle entre les anciens et les modernes. Les tenants de la tradition refusent toute évolution et veulent garder encore longtemps leurs vieux coupés "US" aux ailes rognées et aux moteurs gonflés. Pour les autres, il faut enfin en finir avec ces Antiquités et il est temps que l'Argentine rejoigne le concert des nations européennes d'autant qu'il est question d'un prochain retour du GP d'Argentine F1.
C'est cette lutte d'influence qui va régenter la période 1968/70 avec ses lentes transitions et ses timides évolutions. L'immense impact sur le public de ces voitures spectaculaires, l'accroissement du niveau de pilotage et de la compétitivité du matériel finira par donner raison aux "modernes". Avant l'avènement d'un championnat moderne en 1971, ces trois années mettront en scène les voitures les plus originales, parfois les plus laides mais aussi les machines les plus sophistiquées à moteur avant jamais produites alors.
LES REGLES DU JEU : 4 années de transition
1967/68 : pour peu qu'il s'agisse de voitures produites en grande série et commercialisées par une marque nationale, le règlement offre quantité de libertés. Moteurs, boîtes, transmissions, suspensions, etc, doivent donc être dérivé de la série (même s'ils peuvent provenir de plusieurs modèles ou même de modèles marques différentes !) et produits localement. Les impératifs majeurs portent sur la cylindrée (4000 cm3 maxi), respect de l'empattement original, de dimensions (hauteur : 150 cm et garde au sol : 12 cm), l'interdiction de l'injection, l'usage d'une boîte de vitesses à quatre rapports et le montage du moteur à l'avant.
1969 "TC et Sport-Prototipos" : une saison pendant laquelle les "Turismo de Carretera" style 1968 cohabitent avec une nouvelle génération de voitures ressemblant, dans l'esprit du moins, aux sport-prototypes européens. Toujours obligatoirement dotées de moteurs avant, ces dernières, bien que conservant une hauteur minimum de 150 cm (d'où la présence de ces curieux pavillons) peut se parer de carrosseries profilées et dotées d'appendices aérodynamiques. Pour la majorité des voitures regroupées dans la classe 3001/4000 cm3, le poids minimum est fixé à 1000 kg et la contenance des réservoirs à 180 litres.
1970/71 : Les classiques "Turismo de Carretera" faisant presque double emploi avec les "Prototipos" se voient désormais regroupées dans un nouveau championnat alternant épreuves routières et circuits. Il est ouvert aux anciennes "TC" type 1967/68 affichant une vocation routière affirmée ainsi qu'à des véhicules de série dont seul le capot avant pourra être modifié. Enfin, la cylindre maximum est fixé à 3000 cm3.
Pour les "Sport-Prototipos", le règlement considérablement assoupli vise à entraîner les constructeurs locaux vers les normes internationales. En 1970, les spiders (carrosseries ouvertes) sont désormais autorisés. La cylindrée maximale est fixée à 4000 cm3 pour les voitures à moteur avant et à 3000 cm3 pour les versions à moteur arrière ou central. Les moteurs 3000 cm3 peuvent être des réalisations originales sans l'obligation d'être dérivé de la série, mais doivent toujours êtres élaborés avec des éléments de production nationale. En 1971, ces dernières restrictions "nationalistes" seront levées et le championnat verra apparaître des barquettes modernes achetées chez Lola ou McLaren et animées par des moteurs Ford Cosworth ou Chevrolet Canam.
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