Audi RS7 ABT Legacy Edition : 1 000 ch et un caractère de cochon !
Alan Froli , mis à jour
ESSAI - Atteindre la barre psychologique des 1 000 ch est une quête absolue pour de nombreux préparateurs. Et l'Allemand ABT, qui s'adonne à la sorcellerie sur les modèles du groupe Volkswagen depuis 50 ans, la touche du doigt avec cette RS7 Legacy Edition dont le V8 biturbo a été revu en profondeur. Une catapulte !
Je ne sais pas à quelle catégorie d'automobiliste vous appartenez mais, en ce qui me concerne, j’ai grandi avec de nombreux magazines de sportives. L'un d'entre eux, qui existe encore, a particulièrement titillé ma fibre de passionné dans les années 1990 en traitant des préparations de sorciers Allemands comme Alpina, AC Schnitzer ou Hartge pour les BMW, et Brabus ou Lorinser pour Mercedes.
Des modifications qui donnaient le tournis avec des puissances pouvant atteindre les 500 ch, à une époque ou les meilleures allemandes en dépassaient rarement 300 ch. À coups de cylindrées revues (avec parfois des "swaps" de folie) et/ou de systèmes de suralimentation divers et variés. Les Audi n'étaient pas en reste puisque quelques doux dingues se penchaient régulièrement sur leurs berceaux, notamment MTM ou ABT.
Je parle au passé mais la plupart de ces préparateurs n'ont pas baissé le rideau. On aurait pu le croire tant la chasse à la performance du gouvernement français détourne notre regard des sportives les plus délurées. Sportives qui, en outre, sont déjà diablement performantes d'origine, une "simple" RS3 atteignant déjà 400 ch. De fait, rares sont les amateurs à chercher à aller plus vite, même en Allemagne où les vitesses demeurent illimitées sur une bonne partie du réseau autoroutier.
Du grand art !
Aussi, on peut légitimement penser qu’une puissance de 630 ch peut suffire à offrir le grand frisson, même au volant d’une auto frisant les 2 tonnes comme l’Audi RS7, la grande routière allemande atteignant les 100 km/h en 3s4. Mais ABT pense qu'il y a toujours un intérêt à faire mieux, surtout à une époque ou les électriques laissent à peu près tout ce qui roule sur place en accélération.
Ainsi, le sorcier Allemand, qui s'adonne à des rites vaudous sur les modèles flanqués des anneaux depuis 50 ans, propose-t-il différents stages de préparations qui vont de la simple reprogrammation moteur à la refonte totale de ce dernier, ce qui est le cas sur cette Legacy Edition 1 000 qui, comme son nom l’indique, développe 1 000 ch, et au passage 1 150 Nm de couple.
Une préparation en profondeur donc, avec notamment des turbos aux conduits majorés soufflant plus fort, les intercoolers qui vont avec, ainsi que des pistons et bielles forgés qui supportent de tels assistants respiratoires. Mieux, le préparateur a pensé à injecter une solution d’eau et d’éthanol dans les conduits d’admission pour améliorer encore le rendement à pleine charge.
Une solution contenue dans un réservoir additionnel de 15 l que l’on doit remplir tous les 3 000 km environ dans des conditions de conduite normale (comprenez en accélérant à fond de temps en temps). Ainsi, avec du sans-plomb 98, le V8 biturbo atteint 940 ch, et 1 000 ch avec un sans-plomb à l’indice d’Octane 102.
Pour vous donner une idée de ce que cela donne en termes de performances, le 0 à 300 km/h serait exécuté en 21s2 dans le meilleur des cas, contre 49s5 à l’origine. Et selon le préparateur, le moteur comme la transmission automatique d’origine (pour rappel un système à viscocoupleur) tiennent le coup, puisque ce modèle d’essai a déjà 60 000 km au compteur.
Côté trains roulant, ABT considère que les freins céramique optionnels d’Audi suffisent, mais remplace la suspension pilotée par des combinés filetés réglables, ainsi que les barres antiroulis d'origine par des modèles de plus grosse section. Une préparation qui n'a rien d'un bricolage dans un parking mal éclairé : pour rappel, ABT compte 200 employés et a glané 100 victoires dans diverses compétitions, toutes catégories confondues, avec 10 titres en DTM.
Avis de tempête !
L'essai d'un tel missile est forcément intimidant, surtout quand celui-ci revêt une tenue de combat noire et blanche au nom du préparateur. A priori, avec une transmission Quattro et des pneus Hankook Ventus bien accrocheurs, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Et puis 1 000 ch, on a déjà testé au volant d'une Tesla Model X Plaid… Je me détends d'autant plus que cette auto conserve le sens de l'accueil de la RS7 d'origine avec un mobilier ultra-cossu, une jolie sellerie en vraie peau de vache et une insonorisation poussée.
Le démarrage du V8 à l'échappement libéré me rappelle qu’il va y avoir du sport. Étonnamment, la mécanique se fait docile. Trop presque, le moteur manquant même de couple à bas régime. N’ayons pas peur des mots : en réalité, il se révèle même étonnamment creux. N'oublions pas que, d’une manière générale, les turbos maous costauds mettent plus de temps à entrer en action que ceux d’origine. Pour faire être clair, il faut que ça souffle fort dans les conduits d’échappement ! Et effectivement, passé 4 000 tr/mn, c’est la tempête, d’autant plus qu’on a droit à une seconde louche de 5 000 à plus de 6 000 rotations par minute.
Nuques sensibles, s’abstenir : sans exagérer, il apparaît même difficile d’empêcher le cuir chevelu de toucher celui de l’appuie-tête. Nous n'irons pas vérifier les chronos annoncés par la marque mais peu importe : la sensation de poussée suffit à nous convaincre que l’on doit s’en approcher, même si l’on ne dispose que de 940 ch aujourd’hui, faute de Sans-Plomb à l’indice d’Octane 102 dans le réservoir d’essence. Contre toute attente, on n’arrive jamais trop vite dans les virages, du moins les premières minutes, et pour cause : l’accélération est si soudaine et impressionnante qu’on relâche fissa la pédale de droite pour mettre fin à ce film d’une vie qui défile dans la caboche (avec les enfants dans les rôles principaux).
Ceci dit, une fois la confiance acquise, cette ABT fait preuve d’un comportement à la hauteur des prises de vitesse : les freins sont suffisamment efficaces (mais pour combien de temps et à quel prix ?), les pneus tailles basse garantissent une relative précision à l’inscription, et les combinés filetés idéalement réglés permettent de virer à plat. Mieux, les gommes trouvent du grip malgré le poids élevé du bestiau, en particulier sur le revêtement granuleux de notre route d’essai, préalablement fermée à la circulation. Il convient juste de doser la remise des gaz en sortie pour limiter le sous-virage sous l’effet des 1 150 Nm de couple. De fait, on en redemande, la poussée façon main géante devenant rapidement addictive.
Aussi inutile qu'indispensable…
Alors évidemment vous devez vous me demander, à juste titre, à quoi peut bien servir cette préparation totalement déraisonnable ? À perdre plus vite son permis chez nous bien sûr. Mais pour ceux qui voyagent souvent en Allemagne et peuvent éventuellement immatriculer l’auto à l’étranger pour éviter les barrières administratives françaises, cette ABT par ses capacités de relances à même de laisser sur place quasiment tout ce qui roule. Une sorcellerie aussi inutile qu’indispensable donc. Encore faut-il disposer d’une RS7 et des 210 000 € nécessaires à la transformation. Par ailleurs, même si la transmission d'origine semble suivre le rythme, difficile d'imaginer qu'elle durera aussi longtemps que sur le modèle de base…
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