2. Ferrari Roma (2020) - Sur route : toute petite
La Ferrari Roma reçoit une évolution spécifique du très versatile V8 3.8 bi-turbo, plusieurs fois élu « Engine of The Year ». Il développe ici 620 chevaux de 5.750 à 7.500 tours, et 760 Nm de 3.000 à 5.750. Une de ses spécificités est de disposer pour la première fois d'un capteur de vitesse des turbines, ce qui permet dans certaines situations d'augmenter celle-ci de 5.000 tours. Autant dire que ça réagit ! Le moteur est associé à une nouvelle boîte double-embraye 8 rapports à carter sec, dérivée de celle de la SF90 mais avec des rapports plus longs, en accord avec la vocation moins radicale de la Roma. Elle reste surtout 6 kg plus légère que la boîte 7 équipant par exemple la Portofino.
Le châssis est bien sûr spécifique et ses réactions dépendent de la position du fameux Manettino qui, en plus des modes Wet, Confort, Sport et ESP OFF, propose pour la première fois sur une Ferrari non super-sportive une position Race. A noter que sur les modes Sport et Race, il est possible de presser le basculeur du Manettino pour activer la fonction "Bumpy Road" (route bosselée) pour renvoyer la gestion d'amortissement en mode confort. Le mode choisi influencera aussi bien sûr la cartographie moteur, celle de la boîte et les réactions de la pédale de freins. Enfin, à chaque mode correspond une certaine marge laissée à la dérive du train arrière. Bonheur !
Pas de chance : nous prenons la route après une nuit pluvieuse, et on nous prévient que les routes du Piémont que nous devons emprunter sont de véritables patinoires dès qu'elles sont un tant soit peu humides. Nous sommes donc instamment priés de rouler en mode Wet toute la matinée, et d'y aller doucement sur les gaz en sortie de virage. Bien sûr, dans nos têtes, ça disait « Cause toujours, je ne suis pas un bleu », mais il ne nous a pas fallu 10 km pour réaliser qu'en effet, on roulait parfois sur du savon. Qu'à cela ne tienne, nous avons profité de cette première heure pour faire connaissance avec la Roma et vérifier une promesse de Ferrari : ceci est le modèle de la marque qu'on peut utiliser chaque jour. C'est tout à fait vrai. En conduite normale, elle est d'un confort remarquable, la visibilité périphérique est excellente pour ce genre de voiture, le moteur ronronne agréablement et la boîte enchaine les rapports avec une absolue fluidité. En clair, la Roma est aussi réaliste au quotidien qu'une 911… mais en mieux. Car ce qui nous frappe, c'est qu'alors qu'une 911 est presque stérile (tout est relatif bien sûr, que les Porschistes restent calmes) tant qu'on ne monte pas le tempo, la Ferrari est magique à 50 km/h. Là non plus, les gens de la marque ne mentaient pas en affirmant la veille que sous ses airs de GT, la Roma est une vraie sportive qui vous le fait savoir. Elle donne une impression de compacité, de réactivité, de « toujours prête ». Elle communique ! C'est une chose qu'on ressent dès les premiers kilomètres. Pardonnez la comparaison un peu bizarre, mais ce côté plaisir à toute vitesse est similaire à ce que procure une Mazda MX-5 ou une Toyota GT86.
Une heure a passé, la Roma s'est connectée à nos sens, nous avons intégré la nature de la route, nous nous permettons donc de pousser un peu plus fort, tout en restant délicat avec l'accélérateur. Là, trois choses émergent. Primo : la fabuleuse précision de la direction. Un sniper ! On vise, on envoie. On vise, on envoie. Toujours dans le mille. Deux : le grip du train avant est prodigieux, même sur ces routes délicates. On ne peut certes pas remettre les gaz comme on veut en sortie de virage, mais la solution est simplement de ne pas trop ralentir et de faire confiance aux gommes antérieures. Trois : le freinage. Qu'il soit puissant et endurant, cela va sans dire. C'est donc la précision de la pédale et sa facilité de dosage qui est hors norme. Et tout cela mis bout à bout fait qu'au volant de la Roma, la confiance vient vite, très vite, et on se sent à même de jouer avec le fabuleux équilibre de la voiture. Tiens, plus de nuage, le soleil commence à bien chauffer, les toutes sèchent. Mais nous sommes déjà au point de rendez-vous du déjeuner…
Après un délicieux lunch italien et un espresso digne de ce nom, retour au volant, avec cette fois des routes presque normales, et un Manettino dans des positions plus joueuses. L'occasion pour la Roma d'étaler d'autres de ses qualités. D'abord l'enthousiasme du moteur, dont les montées en régimes sont à la hauteur de ce qu'on attend d'un petit cheval cabré, et idem bien sûr pour la sonorité qui va avec. Mon Dieu, que tout cela ressemble au bonheur de conduite absolu ! De son côté, la boîte, passée en mode manuel, est toujours aussi parfaite. Si bien que nous ne pouvons jurer que le PDK de Porsche soit toujours la référence indiscutable. Ca enchaine vite, aussi bien vers le haut que vers le bas, sans à-coup, même quand on a le pied dans le phare. La perfection. L'équilibre de la voiture est encore plus manifeste quand on roule plus fort, favorisé par un travail aérodynamique qui prend toute sa mesure. Nous n'avons d'ailleurs pas encore parlé du spoiler dynamique que reçoit la Roma, juste sous la lunette arrière. Ses lois de déploiement (en trois positions) sont elles aussi adaptées en fonction de la position du Manettino, et en position haute, il génère 90 kg d'appui à partir de 250 km/h. Aucun déploiement manuel n'est possible, histoire de ne pas permettre au frimeur de le sortir à tout bout de champs au risque de ruiner la superbe fluidité des lignes.
Pour finir, la chose la plus bluffante avec cette voiture, c'est que plus on roule à l'attaque des lacets montagneux, plus on a l'impression qu'elle rétrécit. Elle est si vive, si agile, que ses 4,65 mètres de long et ses 1.570 kg se réduisent de 30% ! Une expérience divine…
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