Ibiza, la saga espagnole de Seat fête ses quarante ans
En 1984, Seat se relançait miraculeusement grâce à l’Ibiza, une appellation que la marque espagnole a conservée depuis. Si la citadine demeure un best-seller pour le blason ibérique, on se demande toutefois quel est son avenir.
Créée en 1950 avec le concours de Fiat, Seat a mis l’Espagne sur roues, notamment avec les 600 et 127. Le géant italien lui a en effet fourni pendant trois décennies ce se faisait de mieux en matière d’automobiles populaires, mais en 1980, le contrat liant Fiat à Seat arrive à son terme. Les deux entités n’étant pas en bon termes, il n’est pas reconduit, et l’espagnol se trouve fort marri. Surtout que l’italien demeure très restrictif, notamment pour l’export.
De sorte que quand, en 1982, Seat décide de vendre sa Ronda, une Ritmo restylée, hors de ses frontières, Fiat intente un procès. Celui-ci a lieu à Paris et Seat le remporte. Enfin, les devises vont pouvoir rentrer ! Tant mieux, car les caisses sont vides. Il faut absolument un nouveau modèle, apte à réaliser de gros volumes, une auto du segment B. Ce sera l’Ibiza, conçue sur un petit budget. Impossible de faire des miracles. Et pourtant !
On récupère la plateforme de la Ritmo, on la fait habiller, après un appel d’offres, par Giugiaro (qui aurait réutilisé un projet refusé par VW), et on confie l’industrialisation à l’allemand Karmann. Côté mécanique, on fait appel à Porsche qui conçoit un nouveau moteur qui conserve les cotes du bloc Fiat le plus employé par Seat, histoire de ne pas avoir à remplacer toutes les machines-outils. Le consultant de Weissach modifiera aussi la boîte, qui reste proche de celle de la Ritmo. L’Ibiza est présentée en mars 1984, et son dessin réussit séduit.
Bon marché et vive avec son 1,5 l de 85 ch ainsi que son 1,2 l de 63 ch, elle connaîtra un succès suffisant pour pérenniser Seat en tant que marque, même si Volkswagen en prend le contrôle en 1986. Produite à 1,3 million d’exemplaires jusqu’en 1993, l’Ibiza 1 non seulement aura une descendance mais en plus, incitera certainement Volkswagen à renoncer à faire passer à la trappe le blason ibérique.
Mieux que ça, l’Ibiza II, présentée en 1993, et elle aussi largement due à Giugiaro (sur un projet dérivant de celui proposé à Fiat pour la Punto), préfigure très nettement la VW Polo 6N. Par sa plateforme, issue de celle de la VW Golf II, mais aussi et surtout sa planche de bord, qui sera reprise presque telle quelle dans la citadine allemande. Elle inaugurera aussi l’appellation Cupra, désignant une version très sportive. Modifiée légèrement en 1996 puis plus largement en 1999, cette génération d’Ibiza durera jusqu’en 2002, produite à 1 522 765 unités.
L’Ibiza de 3e génération change de plateforme, adoptant l’A04 étrennée par la Skoda Fabia. Voulue plus dynamique que sa devancière tant par son look que son comportement routier, elle se déclinera en Cupra R, forte de 180 ch. A noter qu’en TDI, elle ira jusqu’à 160 ch ! Etonnamment, cette Ibiza, si elle se vend bien, est légèrement resylée en 2006 mais retirée dès 2008. Ce qui ne l’empêchera de se vendre à plus d’un million d’unités.
En 4è génération, lancée en 2008, l’Ibiza acère sa silhouette sous la férule de Luc Donckerwolke et inaugure la plateforme A05, plus tard reprise sur l’Audi A1 et la VW Polo. Elle marque de grandes avancées côté technicité, toutes les variantes se dotant de l’ESP. De plus, outre qu’elle est la 1ere Seat à se doter de la DSG, elle ravive l’appellation Bocanegra, surnom donné à la première Seat dont la carrosserie ne devait strictement rien à Fiat (à la grande fureur de celui-ci), en 1975. Restylée deux fois (en 2012 et 2015), l’Ibiza IV se dotera de moteurs plus puissants que jamais, développant jusqu’à 210 ch. Elle est retirée en 2017.
Nouvelle plateforme, une variante de la MQB, pour l’Ibiza V, apparue en 2017. Toujours plus moderne, cette génération se passe toutefois de version sportive Cupra, puisque cette appellation va designer à partir de 2018 une marque à part entière. La puissance maxi culmine donc à 150 ch, et le restylage de 2021 n’y change rien : l’ère des petites sportives espagnoles touche à sa fin. Pour sa part, l’Ibiza peine à faire parler d’elle, trop proche par son look de sa devancière. Jusqu’à présent, toutes générations confondues, les Ibiza ont été produites à plus de 6 millions d’unités, un score honorable. Mais l’avenir de Seat en tant que constructeur auto ayant été remis en cause, on se demande quelle est l’avenir de l’Ibiza. Peut-être qu’à son tour, elle va désigner un blason à part entière ?
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