Le duplex de l'A86 : un monument du quotidien
L'incroyable infrastructure de 10 km de long en région parisienne, c'est toute une aventure qui aura mobilisé le savoir-faire des meilleurs ingénieurs durant une décennie. Des péripéties qui ont les honneurs d'un documentaire bientôt diffusé par RMC Découverte.
Il n’est pas un Francilien motorisé qui n'a, un jour, emprunté ce trajet, sans se douter qu’il traversait un monument d’ingénierie. Cette infrastructure a priori anodine, c’est le duplex de l’A86 qui, depuis 2011, relie Rueil Malmaison à Vélizy. Cette courte autoroute de 10 km était, au moment de son inauguration, unique au monde pour plusieurs raisons et notamment pour l'avalanche de chiffres qui lui valent aujourd’hui les honneurs d’un documentaire diffusé sur RMC Découvertes (Canal 24 de la TNT) le 7 mars prochain.
Car si le duplex en question hérite de ce drôle de nom, ce n’est pas sans raison. Le tunnel est en fait un tube énorme et unique à deux étages. Ainsi, les voitures ne s’y croisent pas et se superposent dans un sens comme dans l’autre sur les deux fois deux voix qui le composent. Une facétie d’ingénieurs ? C’est plutôt la seule solution envisageable, et retenue depuis le début des travaux en 1999.
Dix ans de travaux pharaoniques
Car le passage d’un tel tunnel, le plus grand de France, dans le coin de l'hexagone le plus dense, a posé quelques menus problèmes à Cofiroute, la filiale de Vinci qui s’est équipée d’un casque de chef de chantier pendant 11 ans pour mener à bien l’opération. C'est que le parcours emprunté par l’infrastructure est non seulement couvert d’immeubles, mais il frôle le château de Versailles, d’où l’obligation d’en passer par un tunnel creusé le plus profondément possible, et qui soit le moins large possible. Le duplex s’est donc rapidement imposé.
Les ennuis aussi se sont rapidement imposés. Après une contestation de riverains auprès des tribunaux, et un incendie qui bloque 19 ouvriers, qui s’en sortiront indemnes au fond du tunnel, toute la sécurité de l’infrastructure est à revoir. Car en 1999, un autre énorme incendie tue 39 personnes au beau milieu du tunnel du Mont Blanc, mettant à l’arrêt tous les grands tunnels français pour en durcir les normes. Le chantier de l’A86 en fait partie. Mais Emma continue son boulot. Emma ? C’est le petit nom d’une énorme machine, un tunnelier en acier de 200 mètres de long et de 3 000 tonnes qui creuse à 90 m sous terre les dix kilomètres du tronçon, sous 9 couches géologiques différentes.
"L'autoroute des cadres"
En 2011, le tunnel a été inauguré et il permet désormais d'accéder à l’autoroute la plus chère de France : l’A14. Elle a été rapidement rebaptisée l’autoroute des cadres, puisqu’elle permet aux cols blancs vivant dans la banlieue ouest de se rendre à leurs bureaux parisiens ou à la Défense sans perdre trop de temps dans les sempiternels bouchons de l’A13. Des cadres qui, pour certains d’entre eux, peuvent emprunter ce tronçon car ils disposent d’une auto de fonction, et surtout, dans ce cas précis, d’une carte professionnelle leur permettant de régler le péage. Car le tarif, variable selon l’état de la circulation, peut atteindre 13 euros aux heures de pointe. Cher, si l’on prend cette section entre Orgeval et la Défense matin et soir. D’autant que le trajet est égayé par pas moins de 12 radars automatiques. Il faut bien payer la retraite d'Emma.
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