Mercedes CLE 200 (2024) : grand coupé au petit cœur tout mou (Essai)
Remplaçant à la fois les coupés Classe C et Classe E, la CLE entend concilier le meilleur de ces deux-là. Y parvient-elle ? Réponse avec l’essai de la version d’entrée de gamme, la 200.
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Note
de la rédaction
13,2/20
En bref
Coupé à 4 places
Hybridation légère
Dès 66 300 €
Foisonnante voici encore dix ans, la catégorie des coupés à deux portes s’est réduite comme peau de chagrin. Mercedes-Benz, grand spécialiste en la matière, n’y renonce pour autant pas, car le constructeur peut les écouler dans des pays qui en sont encore friands, comme les États-Unis. Néanmoins, il doit rationaliser son offre, en remplaçant ses coupés Classe C et Classe E par un seul modèle : le CLE. Celui-ci entend associer le dynamisme du premier (C205) à l’habitabilité du second (C238) Présenté l’été dernier, la CLE (C236) s’établit sur la plate-forme MRA II, utilisée par les toutes dernières C et E, alors que les coupés qu’il remplace en étaient encore à l’ancienne MRA. Les process en usine vont s’en trouver simplifiés !
Moteur travaillé pour la frugalité
Côté moteurs, la CLE se rapproche de la C205 plus que de la C238, offrant en entrée de gamme 200 un 4-cylindres 2,0 l (pour une fois, le chiffre de la cylindrée correspond à l’appellation de la voiture). Petit, ce bloc turbocompressé se dote des derniers raffinements, comme les déphaseurs d’arbres à cames, le cycle Miller et surtout l’électrification légère. Ainsi, aux 204 ch et 320 Nm que ce groupe codé M 254 développe de façon purement thermique, on ajoutera 23 ch et 205 Nm grâce à l’électricité, sous la forme d’un alterno-démarreur fonctionnant en 48 volts et relié à une batterie dédiée. La puissance qu’il apporte n’est que temporaire, servant par exemple à muscler les reprises. Les performances de cette version de base suffiront largement en France : 240 km/h en pointe, pour un 0 à 100 km/h exécuté en 7,4 s.
Bénéficiant d’un traitement des parois internes visant à réduire au maximum les frottements, ce moteur permet des valeurs de consommation très intéressantes pour une auto de 1 790 kg : dès 6,4 l/100 km, pour des émissions de CO2 annoncées à 145 g/km au minimum, en cycle mixte. Il faut dire que le CLE 200 dispose d’une récupération d’énergie au freinage ou encore d’un mode Eco comprenant un dispositif de roue libre. La boîte auto à 9 rapports joue aussi un rôle dans cette frugalité annoncée, grâce à des rapports supérieurs très longs.
Belles dalles mais finition à parfaire…
Esthétiquement, le CLE rappelle beaucoup l’ancien coupé Classe C, notamment par son vitrage latéral, alors que le capot s’allonge. S’en dégage une certaine prestance, mêlée d’agressivité. Dans l’habitacle, on retrouve la planche de bord de l’actuelle Classe C, très séduisante si on aime le clinquant. D’un abord valorisant, par ses touches d’aluminium, ses parements noirs laqués et ses plastiques de belle facture sur sa partie haute, elle étonne pourtant par certains défauts d’assemblage sur la partie basse, composée de matériaux durs, notamment sous le volant.
La clientèle ne devrait en tout cas n’avoir d’yeux que pour les écrans digitaux, grande spécialité de Mercedes comme l’était la finition dans les années 80. Devant soi, on découvre un combiné de 12,3 pouces en diagonale, disposant de plusieurs modes d’affichage : carte, indications de navigation, cadrans…
Au sujet de ces derniers, Mercedes persiste dans cette aberration ergonomique que sont les graduations irrégulières. En clair, on trouve le même espacement entre 80 et 100 km/h qu’entre 100 km/h et 140 km/h. Le chiffre 120 est remplacé par un cran, dont on croit qu’il symbolise 110 km/h. À savoir avant de se faire flasher par le premier radar venu… Au centre de la planche de bord trône une autre dalle numérique, de 11,9 pouces. Elle bénéficie du système MBUX de toute dernière génération, garant d’une réactivité optimale et permettant l’installation de nombreuses applis. On est ravi d’apprendre que le CLE permet d’utiliser TikTok ou de jouer à Angry Birds. On aurait préféré que les commandes de clim soient accessibles ailleurs que sur cet écran, certes très agréable à regarder et à utiliser.
À l’arrière, les deux places sont plus spacieuses que dans le coupé Classe C mais moins que dans le Coupé Classe E, alors même que le CLE est plus long de 15 mm. Pour les jambes, pas de problème, mais pour la tête, c’est compliqué si on mesure plus d’1,80 m.
Durement dynamique
À l’avant, notre exemplaire dispose des sièges et du volant à réglages électriques. On se trouve une bonne position de conduite, même si on ne peut pas s’asseoir aussi bas que dans une BMW Série 4, et on apprécie la longueur d’assise extensible. On est bien installé, même si le dossier manque de moelleux, et on attache la ceinture amenée par un frêle bras en plastique.
À ce moment, elle se tend brusquement, comme si elle voulait vous étrangler, avant de se relâcher. On peut alors lancer le moteur. Bizarrement, celui-ci, s’il ne vibre pas, sonne tout de même comme un diesel. Sans caractère particulier, il s’acquitte dignement de sa tâche, offrant des performances en rapport avec ce qui est annoncé : on n’a pas du tout affaire à un véhicule sportif. Si le bloc se fait oublier à vitesse stabilisée, il devient trop audible à haut régime, phénomène amplifié par l’excellente isolation de la voiture aux bruits d’air et de roulement.
On se dit alors que quitte à se passer d’une grosse puissance, on va apprécier le confort. Las ! Si sur chaussée lisse, tout va bien, dès les premières aspérités, on déchante. Passe encore que la suspension soit ferme, après tout, Mercedes vante le dynamisme du CLE. Mais les amortisseurs pilotés optionnels dont dispose notre modèle d’essai n’arrangent pas les choses. En mode Confort, ils se révèlent trop durs en compression et trop souples en détente. Conséquence, la voiture absorbe mal les bosses, donc malmène parfois le dos des passagers, mais accuse ensuite des mouvements de caisses plutôt amples, à la manière d’une VW Passat des années 90. Drôle de paramétrage. En Sport, l’amortissement est encore plus rude, mais au moins, la Mercedes évite tout tangage.
De surcroît, sa direction, précise s’affermit un poil, ce qui facilite l’exploitation du châssis. Et là, je dois dire que dans les routes de montagne du sud de l’Espagne où a lieu cet essai, le CLE convainc. Doté de roues arrière directrices (une option à conseiller), il se révèle très agile : on sent que la poupe aide l’avant à s’inscrire en virage, mais sans en faire trop. Résultat, on enchaîne les points de corde de façon très naturelle, d’un geste mesuré sur volant. Vraiment plaisant. Si on ajoute une belle adhérence, et un train avant alerte car le petit moteur ne l’empèse pas, on obtient une auto efficace et sûre, y compris sur le mouillé : la pluie ne nous a pas épargnés. Reste le problème de la pédale de frein, molle et sans aucun mordant… dommage, car le CLE s’arrête très court.
Côté consommation, après un trajet de près de 200 km faisant la part belle aux virolos, la Mercedes s’est contentée de 7,7 l/100 km. Ce, en utilisant à égalité les modes Confort et Sport, mais presque pas en Eco. Pourquoi ? Parce que la roue libre oblige à solliciter les freins plus que de raison, ce qui n’est pas conseillé en montagne.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,85 m
- Largeur : 1,86 m
- Hauteur : 1,42 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 420 l / NC
- Boite de vitesse : Auto. à 9 rapports
- Carburant : Essence
- Taux d'émission de CO2 : 145 g/km
- Malus : 3414 €
- Date de commercialisation du modèle : Octobre 2023
* pour la version COUPE 200 AMG LINE 9G-TRONIC.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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