Remplaçante de la Nubira, la Cruze lancée au début du printemps 2009 réalise une belle et méritée percée avec près de 1 600 immatriculations sur le reste de l’année, avec sa seule carrosserie 4 portes. Le gros des ventes concerne naturellement les motorisations Diesel avec 1 068 unités écoulées sur la même période. Nous avons eu l’occasion de vérifier leurs qualités lors d’un premier essai avec le Diesel VCDi 150 ch, confirmé par un comparatif, et enfin par la prise en main de la variante VCDi 125 ch commercialisée à l’automne 2009 (moins convaincante que la 150 ch).
Depuis ces essais, la Cruze a subi les tortures d’Euro NCAP. Elle en ressort auréolée des 5 étoiles, avec de bonnes notes pour la sécurité des occupants, un peu moins pour la protection des piétons et pour ses aides à la conduite. Pas d’évolutions de la gamme prévues pour 2010 si ce n’est une option boîte automatique disponible en Diesel 150 ch au courant du premier trimestre.
En essence, la proposition de lancement de version 1.6 litres 113 ch à moins de 14 000 € aides comprises (17 200 € au tarif catalogue) qui en faisait la plus abordable des familiales proposée sur le marché français a attiré 387 amateurs en 2009, représentant à elle seule un quart des ventes de la Cruze en France. Pas mal dans un segment où le Diesel représente généralement près de 90 % des ventes, d’autant que les revendeurs disposaient rarement de versions à essence afin de les faire essayer.
La clientèle s’est moins empressée pour passer commande de la 1.8 litre pour laquelle on dénombre 124 livraisons en 2009. La proportion est toutefois là encore élevée pour une version « haut de gamme » essence par rapport aux petites familiales des autres constructeurs.
Moteur 1.8 plaisant et sobre
Après plus d’un milliers de kilomètres à son volant, on comprends mieux ce joli petit succès. Le 1.8 à 16 soupapes fonctionne bien. Sans être d’une souplesse extraordinaire, d’une vivacité dans les tours stupéfiante, d'une sonorité enivrante ou d’un mutisme absolu en accélérations ou à vitesse stabilisée sur autoroute, il s’en sort honorablement dans tous les compartiments. Grâce à ses 176 Nm (à 3800 tr/min), il offre un agrément très convenable en circulation urbaine comme sur route de montagne, supérieur au Diesel 125 chevaux.
Ses ressources supplémentaires par rapport au 1.6 (2 8 ch et 23 Nm de mieux) sont nettement perceptibles, en reprises comme en accélérations. Avec par exemple 8,4 secondes pour passer de 80 à 120 km/h en 4e et 9 secondes et des poussières à la 1.6 litre, ou 10 secondes contre 12,5 secondes sur le 0 à 100 km/h. La Cruze 1.8 serait plus dynamique avec une boîte avec une 5e plus courte, mais en fait, elle partage la boîte manuelle et l’étagement de la 1.6 litre, avec simplement un rapport de pont adapté (3,722 contre 3,944). Cela lui permet d’être aussi sobre sur le papier avec une consommation mixte normée de 6,8 l/100. Dans la pratique, elle se révèle également pas plus portée sur le sans plomb comme en atteste notre consommation moyenne de 8,4 l/100 (moins d’un litre d’écart par rapport aux 2.0 VCDi 125 et 150 ch). Elle se contente de 6,2 litres au mini sur route, 6,8 litres à 110 km/h, de 8,4 litres à 130 km/h et la consommation urbaine oscille entre 10 et 11 litres. Un bilan très raisonnable en partie obtenue grâce au poids mesuré de l’auto, à moins de 1.3 tonnes. Il eût été encore meilleur avec une boîte à six rapports, qui sont devenues majoritaires dans la catégorie.
La masse inférieure d’environ 140 kg sur le train avant par rapport aux versions Diesel nous laissait entrevoir un comportement plus enjoué pour notre 1.8 litre. Toujours très sain et sûr, il reste néanmoins un peu pataud pour prétendre distiller un réel plaisir de conduite. Chaussée en 215/50 R17 de série, la Cruze 1.8 LT devrait tenir le parquet.
La vraie déception provient de ses pneus coréens Kumho, indignes du châssis -proche de celui de la nouvelle Astra, qui manquent parfois cruellement de grip, surtout sur chaussée humide. Une économie de bout de chandelle qui dégrade la tenue de route et l’efficacité du freinage. Ces pneus sont peut-être aussi à l’origine d’une légère imprécision de la direction, notamment du défaut de centrage autour du point zéro. Il faudra impérativement choisir d’autres enveloppes au moment du remplacement.
Par ailleurs, la Cruze offre un bon confort de suspension. Dans un habitacle plutôt avenant, le conducteur trouvera facilement une bonne position au volant.
On sera moins enthousiaste à propos du maintien des sièges avant qui manque un peu de soutien latéral et dont le dossier laisse un creux entre les lombaires et le haut des dorsales qui ne sera pas du goût de tous les occupants. Bonne habitabilité arrière et coffre correct pour une auto de 4,60 m de long.
On ne reviendra pas sur les autres qualités et défauts du modèle, largement abordées lors des essai des versions Diesel.
Prix/équipement/prestations imbattable
En revanche, on notera que les versions à essence 1.6 16V et 18 16V bénéficient d’une périodicité d'entretien plus espacée que les 2.0 VCDi (125 et 150 ch),12 mois ou 30.000 km contre 12 mois ou 15.000 km en Diesel. Un économie d’usage à rajouter aux plus de 2 000 € d’écart de prix d’achat entre les versions à essence et Diesel à finition égale. Voilà de bonnes raisons qui expliquent la relativement grande proportion des Cruze à essence sur les ventes totale du modèle en 2009. Sans compter un meilleur silence de fonctionnement ou des émissions vraiment polluantes (NOx principalement) bien moins importantes. Malheureusement, avec des rejets de C02 de 159 g/km, les deux versions à essence de la Cruze passent de la zone neutre (où restent les versions Diesel) au petit malus en 2010.
Certes 200 €, ce n’est pas beaucoup, mais pour une auto dont le prix d’achat constitue la motivation principale, cela risque d’être un gros frein psychologique à son acquisition.
Et bien sûr, contrairement à ce que font parfois nos constructeurs nationaux, Chevrolet ne procèdera pas à de petites mais coûteuses modifications afin de repasser dans la zone neutre en France, ce marché étant trop étroit pour lui pour espérer le moindre retour sur investissements.
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