A la conquête des Andes
"J'ai eu une enfance heureuse. Mes parents n'étaient pas riches, mais à cette époque, nous attendions peu de choses de la vie". Quatrième de six enfants d'un humble maçon d'origine italienne, il vient au monde le 24 juin 1911 (le jour de la Saint Juan) à Balcarce, une petite ville agricole posée 400 kilomètres au sud de Buenos Aires. Sa constitution d'enfant fragile, ne le prédispose pas aux travaux de force. Il échappe ainsi à l'entreprise familiale de maçonnerie et à la culture de la pomme de terre qui fait la fortune de la région mais pas au travail. Juan s'intéresse aux moteurs, il sera donc apprenti mécanicien. Dès l'âge de 11 ans, il travaille chez un maréchal ferrant, de cinq à huit heures du matin, avant de prendre le chemin de l'école. Deux ans plus tard, il entre au service d'un garagiste de la ville. Dans ce modeste atelier, on répare tout : les tracteurs agricoles, les "belles américaines" des gros propriétaires terriens et aussi ces droles de machines bricolées avec plus ou moins de génie par les pilotes locaux. Un dimanche, après le tradtionnel match de foot, l'adolescent curieux, se rend à l'autodrome de Balcarce. Ce n'est qu'un anneau en terre battue où s'ébattent de vieux coupés brinquebalants et rafistolés. Peu importe la potion magique, il suffit de tomber dedans ! Les débuts seront toutefois difficiles.
Après plusieurs échecs avec une vieille Ford T, il décide de construire son propre bolide : un nouveau châssis de Ford T, un gros V8 de... 70 chevaux, une carrosserie éffilée à l'arrière et 170 km/h, tout de même en vitesse en pointe. L'équipage ne manque pas d'allure, lorsqu'il s'aligne, le 27 mars 1938 au "Gran Premio" de Necochea. Une première course et déjà, la gloire. Enfin presque, avec quelques tours en tête devant les "grands" du moment et une 7e place, la performance sera, croit-il vite oubliée. A Balcarce, cependant, les amateurs ont apprécié la prestation de leur garagiste. Ils décident alors de lancer une souscription publique pour lui offrir un beau coupé Chevrolet pour le prochain GP routier d'Argentine. Handicapé par une mécanique poussive, Fangio entame une extraordinaire remontée qui le fait passer du 108e rang à la 17e place quand l'épreuve doit être interrompue à cause des inondations. Pas découragés, les organisateurs décident de mettre sur pied un "Gran Premio Extraordinario" pour remplacer l'épreuve tronquée. Le titre ronflant ne doit rien à un débordement typiquemnt latin, cette course sera véritablement hors du commun : Buenos Aires-La Paz-Lima et retour, soit un parours de près de 10 000 km sur des pistes en terre, avec en prime la traversée des Andes par des cols qui culminent à plus de 4000 mètres. Après 139 heures d'efforts, de poussière et de risques, Juan Manuel Fangio, à 30 ans, enlève sa première victoire. L'un des plus belles, l'une des plus dures... Champion d'Argentine des courses routières en 1940 et 41, il devra laisser passer le souffle de la seconde guerre mondiale avant de reprendre le départ d'une course. Six longues années pendant lesquelles il se prépare, prend du muscle et développe ses connaissances mécaniques.
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