Fangio-Ferrari, le choc des légendes
"Je ne me suis jamais senti à l'aise chez Ferrari". Si cette saison va lui apporter sa quatrième couronne mondiale, elle ne va lui donner que bien peu de plaisir. Dans sa démarche de pilote et de champion, Fangio est tout le contraire d'un "politique". L'ambiance typique de la Scuderia empreinte de complots et d'obscures manipulations orchestrées par le "Commendatore" lui font perdre la tranquilité d'esprit indispensable à son épanouissement. S'il possède bien la qualité de premier pilote, Enzo Ferrari n'hésite pas à soutenir ouvertement Musso en qui toute l'Italie voit un successeur désigné d'Ascari. Ferrari met un point d'honneur à empoisonner l'atmosphère en encourageant une rivalité malsaine entre ses pilotes.
Privé de mécanicien personnel, Fangio en vient même à douter sur la qualité de préparation de sa monoplace après de nombreux abandons. Menaçant de quitter la Scuderia après le GP de l'ACF à Reims, la situation s'inverse brutalement. Il gagne à nouveau en Angleterre puis en Allemagne se retrouvant ainsi en course pour le titre avec Moss et Collins, son équipier chez Ferrari, à la veille du GP d'Italie. Contraint à l'abandon, après seulement quelques tours, Moss installé confortablement en tête, la situation semble désespérée pour Fangio. De Portago sur la cinquième Ferrari qui devait normalement lui céder sa voiture en cas de problème a déjà abandonné et Musso ignore les appels du stand. Fangio est déjà résigné lorsque Collins rentre à son tour pour ravitailler ; " Il avait encore ses chances pour le titre, mais sans que personne ne lui demande, il descend de sa voiture et m'en offre le volant. Son geste m'a ému jusqu'aux larmes, je l'ai serré dans mes bras et je l'ai embrassé puis je suis reparti dans sa voiture. J'ai terminé 2e derrière Moss et j'ai enlevé le titre !" Au lendemain du titre, Enzo Ferrai distribue des médailles à toute son équipe mais plein de dépit, il oublie d'inviter Fangio à sa petite cérémonie. Dès lors le divorce est consommé et après cette expérience amère, l'Argentin décide de retrouver l'ambiance chaleureuse et ses amis de Maserati pour l'année 57.
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