Le plus impressionnant lorsque l'on s'installe au volant de ce genre de véhicule, c'est de voir à quel point ça se conduit comme un vélo. Tout est facile. La direction est légère à basse vitesse mais parfaitement ferme à vive allure. La boîte automatique 7G-Tronic, la petite chouchoute de Mercedes, est un régal. Elle change de braquet sans à-coup, sans délai, dans le plus grand confort. Elle permet d'exploiter au mieux le coeur d'athlète que les chirurgiens de Stuttgart lui ont greffé.
Car ce coeur est étonnant de santé. Régulier dans l'effort, il pouse sans s'essouffler de 0 à 130 km/h et bien au delà. Bien plus coupleux que le V8 atmosphérique qu'il remplace, ce bi-turbo donne des ailes au CL. L'accélération est puissante, les 4,9 secondes pour le 0 à 100 km/h ne semblent pas usurpées. Au kick-down, le coup de pied aux fesses est dignes de celui que les gamins récoltent après la bêtise, tandis que l'oeil rivé sur le compteur voit l'aiguille s'envoler à la vitesse d'Erik Zabel au sprint sur les Champs. Les 435 ch. répondent à n'en pas douter tous à l'appel.
La puissance du CL ferait presque oublier son poids
Vous l'aurez compris, l'impression de facilité domine. En fait, elle domine jusqu'au moment où survient le premier freinage appuyé, juste avant cette petite épingle serrée, celle où l'on s'est tous fait surprendre un jour. Là, on se retrouve tout à coup avec une baleine entre les mains. Oui, le svelte athlète se transforme incompréhensiblement en sumo. Car ce qu'on a tendance à oublier avec le CL, jamais sous-motorisé, c'est qu'il mesure près de 5,10 m et pèse en ordre de marche près de 2,2 tonnes. Et c'est ce poids et ce gabarit qui se rappelle à votre bon souvenir juste là, maintenant, alors que vous auriez justement besoin qu'il s'envole.
Rappel sur la capacité de freinage et la maniabilité d'un sumo : zéro. Bon, c'est exagéré de dire que le CL n'est pas maniable, il l'est étonnament d'ailleurs vu son gabarit, mais il ne peut pas faire de miracles. Le freinage, lui, manque de mordant et d'endurance. Pour obtenir un freinage énergique, il faut taper dans les freins. Un exercice qui ne pourra se reproduire qu'un nombre limité de fois.
Le CL est une baleine avec un coeur d'athlète de compétition
Enseignement : le CL n'est pas fait pour soutenir des spéciales de rallye. Ce n'est pas une surprise, mais une confirmation. Même si les limites du châssis sont très loin, et même si en conduite normale, vous ne serez jamais, je dis bien jamais pris au piège ou en difficulté, le coupé à l'étoile ne pourra pas non plus se prêter à l'amusement sur routes sinueuses. En même temps, il n'est pas fait pour cela, c'est un coureur de fond, pas un sprinteur. Et il excelle dans la discipline pour lequel on l'a destiné, c'est à dire l'autoroute. Sur son terrain, il est souverain.
Cruiser sur le grand ruban est en effet un plaisir total. Pas un bruit ne filtre. La caisse est superbement insonorisée, bruits d'airs et bruits de roulement brillent par leur absence. Le V8 ne se fait entendre, dans un grondement agréable à l'oreille, qu'en cas de forte sollicitation. Un régal. C'est dans cette configuration que l'on profite le mieux du confort et des équipements de ce fleuron.
Un équipement cher payé, une ergonomie pas évidente
Il serait presque mesquin de parler d'équipement pour un véhicule dont le premier prix est fixé à 130 000 €. De fait, même en version de base, le nouveau CL est doté de toute une panoplie d'équipements de confort et de sécurité. Il y a déjà beaucoup de superflu : Airbags de partout, ESP, système anticollision PRE-SAFE qui freine tout seul avant un choc, détecteur de somnolence, système de navigation, caméra de recul avec lignes de guidage, châssis actif avec contrôle du roulis et contrôle du vent latéral, sièges massants, toit ouvrant, téléphone, sono avec écran dvd et casques sans-fil, etc, etc... Mais les plus exigeants ou les plus esthètes devront remettre la main au portefeuille pour s'offrir le pack AMG Style à 7 100 €, le pack carbone à 4 700 €, les jantes 20 pouces à partir de 2050 €, le démarrage sans clé à 1 250 €, la vision de nuit des piétons à 1 900 €. Heureusement la plupart de ces équipements sont de série sur le CL600 ou les CL AMG... qui débutent à 170 500 € ! Vous l'aurez compris, le CL en offre tant et plus mais fait payer très cher ses prestations.
A noter que si rouler simplement avec la voiture ne pose pas de problème, partir à la découverte de toutes les fonctions et équipement avec la molette de contrôle central qui pilote tout demandera une bonne demie journée au néophite. La faute à une ergonomie pas toujours évidente à comprendre. Un bémol qui ne remet pas en cause le sentiment de bien-être qui nous avait envahi après quelques centaines de kilomètres. Car une fois acquis que ce coupé de luxe n'était pas une ballerine sportive, mais une paisible baleine (de compète quand même), il devient rapidement facile de s'y habituer...
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