2. Sur la route : enivrante

Le V10 s'ébroue bruyamment, prenant probablement un peu plus de tours que nécessaire juste pour l'aspect dramatique, avant de revenir à un ralenti au niveau sonore plus raisonnable. Trop raisonnable ? Une pression sur le bouton en bas à droite du volant le rend soudainement plus guttural, et restera ainsi sur l'ensemble de l'essai. Les premiers kilomètres en ville et sur autoroute se réalisent avec la boîte en automatique et l'électronique en mode Confort, et cette Audi R8 Spyder se montre tout ce qu'il y a de plus docile et facile à prendre en main tant que l'on garde en tête la largeur conséquente de 1 940 mm sans les rétroviseurs. Le moteur glougloute gentiment derrière les oreilles, tenu à bas régime par la boîte de vitesses changeant de rapport d'elle-même de façon extrêmement fluide, et les suspensions absorbent brillamment les imperfections de la route malgré la hauteur très faible des flancs de pneus, faisant du roadster aux anneaux une routière accomplie.

Il est cependant temps de prendre la bretelle de sortie direction la campagne galloise et ses routes absolument extraordinaires n'ayant rien à envier à un circuit Scalextric. Quelques brèves impulsions sur le bouton du Drive Select pour passer en Dynamic et la boîte maintenant en mode manuel, nous voilà sur le point d'arriver dans le cœur du sujet. La ligne droite bordée de champs à perte de vue sera l'occasion du premier contact entre l'accélérateur et la moquette. L'aiguille du compte-tours, siégeant maintenant en plein milieu de l'instrumentation numérique, se précipite sans la moindre hésitation vers la zone rouge encore et encore, au rythme de la montée instantanée des rapports à la moindre sollicitation de la palette de droite. La poussée se fait progressive à la façon d'un avion de ligne au décollage, le bruit, que dis-je, le son, que dis-je, la musique, puissante et métallique à en donner la chair de poule, monte crescendo et le tachymètre réglé en miles/hour est déjà confortablement dans les trois chiffres quand le virage qui paraissait si loin il y a seulement quelques secondes est déjà au bout du court capot. Une brève mais ferme impulsion sur la pédale de frein plante alors les quatre roues dans le goudron, l'index de la main gauche dégringole quelques rapports et la direction, précise mais manquant un peu de naturel, inscrit alors parfaitement la caisse dans la courbe sans le moindre degré de gîte. Il faut alors doser progressivement l'accélérateur pour éviter un soupçon de sous-virage, moteur central oblige, et l'extraction de l'épingle s'effectuera alors comme une balle sortant d'un fusil, la transmission Quattro se chargeant de transmettre fidèlement au goudron chacun des newton/mètre.

Cette R8 est non seulement un monstre d'efficacité, mais tous les publics peuvent y trouver leur bonheur, avec une facilité de prise en main qui rassurera les novices et un équilibre ainsi qu'une agilité qui permettront aux conducteurs plus expérimentés d'aller au-delà des limites d'adhérence. Et être assis au premier rang, juste devant la scène sur laquelle se trouve ce groupe de métal sur-vitaminé au cœur de son concert, vaut à lui seul les 16 000 € supplémentaires réclamés par rapport au coupé.