En 1993, Peugeot décide de raviver la flamme Rallye avec la 106. Alors qu'au catalogue, on a déjà la version Xsi tractée par le 1.4 (qui soit dit au passage est très sympa), Peugeot nous gratifie de cette version Rallye à la cylindrée hallucinante de 1294 cm3. A l'époque, il y avait effectivement une catégorie <1300 cm3 qui n'existe plus désormais mais qui a justifié la conception de cette auto.
Sous le capot, on trouve donc un bloc inédit, le TU2J2 (PAS préparé par Danielson !) qui a tout de même des caractéristiques d'un moteur pas très catholique. Dans les faits, il s'agit d'un bloc léger avec carter cylindre en alu, équipé d'une culasse de XSi dotée d'un arbre à cames plus pointu, d'une gestion Magneti Marelli et d'un papillon gros diamètre, entres autres !
Démarrez le moteur et le ralenti a besoin de quelques instants pour se stabiliser (à peu près) à 900 tours. Il ne descend pas sous les 1 100 tours ? Pas de souci, votre Rallye est probablement équipée du boîtier Groupe N, qui envoie l'aiguille du compte-tours dans la boîte à gants : à 7800 tours. Pas besoin de Vtec ! (regardez ci-dessous cette belle pipe d'admission en alu, très prisée par tous les proprios de Saxo VTS 8s et autres 106 XSi !)
La Rallye avait clairement pour vocation d'aller écumer les pistes et rallyes nationaux, mais finalement, beaucoup sont restées sur route ouverte, pour notre plus grand bonheur. Il fallait toutefois être téméraire, car on n'avait ni boîte à gant fermable, ni allume cigare... C'est simple, à l'intérieur, on voit la moquette rouge et les ceintures... rouges ! A l'extérieur, il n'y avait le choix qu'entre le noir, le blanc et le rouge. Tout le reste mérite la prison car non conforme à l'origine.
Au chapitre des options, on pouvait avoir l'ABR... et la direction assistée. Pas de quoi friser le surpoids.
Mais il existe aussi, rareté dans la rareté, une série encore plus légère. Il est difficile de les quantifier, mais cette version light était dépourvue de roue de secours, d'essuie-glace arrière et de blaxon ! Peugeot a même repris des éléments en carton de la 106 commerciale pour les panneaux de porte, et les sièges étaient les plus légers disponibles. Le poids devait descendre sous les 800 kg dans cette configuration…
On entre vraiment dans la catégorie poids plume, mais il fallait bien ça… Car finalement, ce TU2J2 à l'injection multipoint et au catalyseur castrateur ne produit que 100 chevaux à 7 200 tours et 11 Nm à 5 400 tours. Cela fait tout de même 77 ch/l. Pas mal pour une auto 8 soupapes atmo de '93 ! En revanche, cela lui confère un caractère très particulier. Sous les 5000 tours, on a l'impression de conduire une 1,0 (j'exagère à peine), mais au dessus des 5000... on peut se demander s'il n'y a que 100 chevaux.
Heureusement, la boîte ultra-courte (couple de 13x59 !) offre des sensations. Ça vibre, ça chante, ça monte dans les tours à défaut de marcher… Pour faire simple, à 130 km/h en 5ème, on est à plus de 4000 tours.
De 1996 à 1998, le changement de phase se traduit aussi par un changement de moteur, au revoir le TU2J2, bonjour le TU5J2 qui est un 1,6 de 103 chevaux (qui vient de la XSi et qui officieusement, en sortirait davantage…). Cela se traduit par une conduite plus agréable, avec une boîte plus longue, de meilleures performances avec plus de couple aussi, mais on perd un peu en sensations (ci-dessous, une phase 2 pas totalement d'origine…)
Mais revenons à la phase 1, et regardons un peu ses performances. Le 0 à 100 km/h est « expédié » en 9,4 secondes et la vitesse maximale est de 190 km/h… Pour faire simple, un Scénic dCi bien motorisé fait quasiment pareil. La taille des pneumatiques laisse aussi rêveur : 175/60/R14…
Où se situe la sportivité là-dedans ? Cela prend 5 secondes à comprendre : quand on passe un virage en fort appui (roue arrière intérieure levée !) avec la pédale de droite soudée au plancher, le moteur en zone rouge, que l'on passe à ras du vibreur à l'extérieur, et qu'au bout de la ligne droite, debout sur les freins, le train arrière semble chercher sa route et que l'on sent TOUT ce qui se passe dans le volant.
Cela n'a pas pris plus de 5 secondes, on ne sait pas à quelle vitesse on allait, si on allait plus ou moins vite qu'autre chose, mais une seule chose vient à l'esprit : c'était du sport.
Pour le justifier, on va désormais poser la question à nos heureux propriétaires du jour, afin de voir quelle satanique explication ils peuvent avoir pour posséder et rouler en 106 Rallye sur circuit... en 2013.
Une dernière info qui montre la rareté de la bête: il y aurait eu environ 15 000 exemplaires 106 Rallye produits. A titre de comparaison, l'ordre de grandeur de la 205 GTI est plutôt de 250 000 unités ! Ce qui me fait penser que l'on avait plus de 0,1 % du nombre de Rallye produites ce jour à Pouilly, c'en est émouvant.
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